Repensons la Communauté.
Ne sachant d’où il vient et où il va mais voyageant à travers les âges, l’être humain construit son histoire de récit en récit et d’une époque à une autre.
Même si l’existentialisme de Sartre nous apprend que l’homme est d’abord un projet, le postulat d’objectivité de la science nous empêche de penser l’être humain comme son propre projet. Ainsi, pris à son dépourvu dans un univers sans repère et sans figure et condamné à aimer, détester ou à s’accrocher à une vie que le hasard et la nécessité lui imposent au détriment de son choix, l'humain essaye de donner un sens à sa vie à travers différentes œuvres. Ainsi, voué dans l’inconnu l’être vie une expérience téléonomique et ses oeuvres et projets comblent le vide entre lui et le monde extérieur à son être. C’est bien ce vide, ce besoin de sens qui contraint et oblige les rapports entre les êtres afin qu’ils partagent et répondent dans la mesure du possible à leur besoin de comprendre leur incomplétude et d’y faire face.
De la parole mythique d’Homère en passant par le récit des dogmes religieux jusqu’à la littérature politique contemporaine, l’exigence du commun a toujours été au cœur des préoccupations dans les sociétés humaines.
Depuis la transcendance divine caractérisée par la célèbre phrase de Niché «Dieu est Mort», les hommes ont rompu le lien commun avec Dieu et doivent vivre leur singularité à part entière tout en répondant à cette exigence du commun qui s’impose à chaque être malgré lui.
Mais en absence des mythes homériques et de Dieu, comme le soutiennent la plupart des auteurs de la postmodernité, l’exigence communautaire servira de mythe pour son époque pour nourrir les espoirs et taire les peurs et angoisses des individus ou des peuples.
Pour Jean Luc Nancy ce rêve du commun vécu tel un mythe à travers les œuvres collectives et les efforts politiques n'a point combler les espérances. En ce sens, il constitue toujours un défi à notre époque contemporaine et à en croire certains auteurs, malgré les échecs des tentatives de construire le commun, l’exigence du commun ne peut être niée, elle nous rattrape et nous oblige presque à la repenser. C’est en rapport même au devenir de notre future que cette exigence du commun demande et exige à être repensée.
Remarquons que ni Le fascisme italien, ni le nazisme allemand encore moins le communisme soviétique, n’ont réussi à faire œuvre commune ni une communauté. Les acteurs de ces idéologies ont transformé l’exigence communautaire en paroles mythiques lesquelles sont ensuite proposées aux peuples sous forme de projets collectifs ou d’idéologies politiques dans le seul but de naturaliser leur domination et leur vision du monde.
De la Tour de Babel à la déclaration des droits de l’homme sans oublier la démocratie, le multiculturalisme ou encore la laïcité, l’exigence du commun continue de nourrir des projets humains et la théorisation du vivre ensemble mais sommes toutes, elle reste loin d’être une pratique effective à la hauteur des attentes des masses.
Ainsi comme nous l’inspire Jean Luc Nancy, dans son œuvre La communauté désœuvrée, devons-nous continuer à chercher le commun dans nos œuvres?